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Namibie : des ONG craignent que l’abattage massif d’animaux sauvages pour nourrir la population ne crée un précédent

« C’est une catastrophe qui ne fera que s’aggraver avec le réchauffement climatique », se désole Yolaine de La Bigne, porte-parole de l’association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Près de 160 bêtes ont été abattues en Namibie depuis le 3 septembre sur décision du gouvernement, d’une part pour nourrir les populations affamées et, d’autre part, pour alléger la pression sur les ressources en pâturage et en eau, durement affectées par la sécheresse qui afflige ce pays d’Afrique australe.
« Cet exercice est nécessaire et conforme à notre mandat constitutionnel », écrit le ministère de l’environnement namibien qui entend profiter du succès de ses politiques de sauvegarde de la nature. La Namibie, premier pays d’Afrique à avoir inscrit la protection de l’environnement dans sa Constitution, a beaucoup œuvré pour la préservation de ses ressources. A l’heure actuelle, 44 % de sa surface constitue un espace naturel protégé, selon le Fonds mondial pour la nature.
« Il y a cette idée que la population est légitime à tirer parti des ressources qu’elle a contribué à préserver pour surmonter des crises comme la sécheresse actuelle », explique Marion Valeix, écologue du CNRS, au Laboratoire de biométrie et biologie évolutive, et à la Zone Atelier Hwange au Zimbabwe.
La faune sauvage en Namibie est plus fournie que dans d’autres pays africains. « En Afrique australe, la population d’éléphants, par exemple, est beaucoup plus abondante qu’en Afrique de l’Est », souligne la chercheuse.
Au total, 723 animaux doivent être abattus dans les zones communales et les parcs nationaux, dont 30 hippopotames, 83 éléphants, 60 buffles, 100 gnous bleus, 300 zèbres, 100 élands et 50 impalas. « Prélever 83 éléphants sur une population de 20 000 n’aura pas de conséquence écologique majeure, c’est-à-dire que la survie de l’espèce ne sera pas compromise par ces abattages, précise Marion Valeix. Toutefois, il est essentiel que ces prélèvements soient réalisés de façon méthodique afin de préserver les populations animales les plus vulnérables. »
Selon le ministère de l’environnement, les premiers abattages auraient déjà permis de produire près de 57 000 kg de viande, répondant ainsi aux besoins alimentaires d’une population dont plus de la moitié (1,4 million sur 2,5 millions selon le Programme alimentaire mondial) souffre d’insécurité alimentaire.
En plus de garantir un moyen de subsistance, le ministre a également exprimé sa volonté de réguler l’accès aux ressources, souvent disputé entre les hommes et les animaux. « Lorsqu’il fait trop chaud et que les ressources se raréfient, les animaux sauvages, tels que les éléphants, peuvent s’aventurer hors des parcs nationaux à la recherche de nouveaux moyens de subsistance, notamment de l’eau, ce qui peut engendrer des tensions autour de cette ressource », explique la chercheuse.
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